Inspirés des contes de son enfance, qu’ils soient souriants, chétifs ou grotesques, les personnages d’Olivier  de Rivaz ont presque toujours un côté fantastique, étrange voire inquiétant. Apparemment proche de la peinture naïve, qui serait la représentation de l’insouciance supposée de la jeunesse, l'univers de la série "Les Jeux des Enfants" suggère surtout l’angoisse d'un monde adulte en devenir. Le personnage de "Colin Maillard est certes "aveugle pour jouer", mais se déplace dans un univers désolé ; ceux de "La course à l'œuf" ou de "L'oiseau vole" ne sont pas plus rassurants. Inspiré par des artistes néerlandais comme Brueghel et autres satiristes graphiques à la Daumier, Olivier de Rivaz charge le trait pour donner un air bouffi, rondouillard à ces prétendus enfants, qui ressemblent à des adultes quelque peu idiots. Loin de susciter le sourire, ses toiles nous proposent une vision sombre et malsaine, à tout le moins complexe, de l'humain.

           Mais tout cela est transcendé par une virtuosité picturale, une maitrise chromatique et une minutie qui exorcisent le malaise et nous placent dans la véritable dimension de l'œuvre : celle de la peinture. Au-delà du propos qui sert de prétexte, c'est un monde pictural syncrétique qu'il faut lire, où l'on découvre des morphologies qui rappellent celles de Botero, des « gueules cassées » qui évoquent indubitablement les difformités de Francis Bacon. Les déclinaisons géométriques des "aliens" de l' "Ado dans canapé" mentionnent discrètement les pavages vertigineux de Maurits Cornelis Escher. Une symbiose de références et un équilibre de la composition qui sont la marque même d'une œuvre forte.